Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.

157
la torrent de la foïba.

atteintes de l’asphyxie n’avaient-elles point produit en son organisme d’irréparables désordres !

En effet, Étienne Bathory fit bientôt un léger mouvement. Des expirations plus accentuées entr’ouvrirent ses lèvres. Enfin, quelques mots s’échappèrent de sa bouche :

« Ma femme !… Mon fils !… Mathias ! »

C’était toute sa vie qui tenait dans ces mots.

« Étienne, m’entends-tu ?… m’entends-tu ? demanda le comte Sandorf, qui dut crier au milieu des mugissements dont le torrent emplissait les voûtes du Buco.

— Oui… oui… ! Je t’entends !… Parle !… Parle !… Ta main dans la mienne !

— Étienne, nous ne sommes plus dans un danger immédiat, répondit le comte Sandorf. Une épave nous emporte… Où ?… Je ne puis le dire, mais du moins, elle ne nous manquera pas !

— Mathias, et le donjon ?…

— Nous en sommes loin déjà ! On doit croire que nous avons trouvé la mort dans les eaux de ce gouffre, et, certainement on ne peut songer à nous y poursuivre ! En quelque endroit que se déverse ce torrent, mer ou rivière, nous y arriverons, et nous y arriverons vivants ! Que le courage ne t’abandonne pas, Étienne ! Je veille sur toi ! Repose