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le torrent de la foïba.

milieu de cet entraînement des eaux qui, gonflées en certains points resserrés du canal, déferlaient avec un effroyable bruit.

Bientôt le comte Sandorf se sentit perdu. Le corps d’Étienne Bathory lui échappa définitivement. Par un dernier effort, il essaya de le reprendre… Il ne le trouva plus, et lui-même s’enfonça dans les nappes inférieures du torrent.

Soudain, un choc violent lui déchira l’épaule. Il étendit la main, instinctivement. Ses doigts, en se refermant, saisirent une touffe de racines, qui pendaient dans les eaux.

Ces racines étaient celles d’un tronc d’arbre, emporté par le torrent. Mathias Sandorf se cramponna solidement à cette épave, et revint à la surface de la Foïba. Puis, pendant qu’il se retenait d’une main à la touffe, il chercha de l’autre son compagnon.

Un instant après, Étienne Bathory était saisi par le bras, et, après de violents efforts, hissé sur le tronc d’arbre, où Mathias Sandorf prit place à son tour. Tous deux étaient momentanément hors de ce danger immédiat d’être noyés, mais liés au sort même de cette épave, livrée aux caprices des rapides du Buco.

Le comte Sandorf avait pendant un instant perdu