Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/160

Cette page a été validée par deux contributeurs.

152
mathias sandorf.

mugissement des eaux avait remplacé les éclats de la foudre. L’impénétrable caverne ne laissait plus rien passer des bruits ni des lueurs du dehors.

« À moi !… »

Ce cri se fit entendre. C’était Étienne Bathory qui l’avait jeté. La froideur des eaux venait de le rappeler à la vie ; mais il ne pouvait se soutenir à leur surface, et il se fût noyé, si un bras vigoureux ne l’eût saisi au moment où il allait disparaître.

« Je suis là… Étienne !… Ne crains rien ! »

Le comte Sandorf, près de son compagnon, le soulevait d’une main, tandis qu’il nageait de l’autre.

La situation était extrêmement critique. Étienne Bathory pouvait à peine s’aider de ses membres, à demi paralysés par le passage du fluide électrique. Si la brûlure de ses mains s’était sensiblement amoindrie au contact de ces froides eaux, l’état d’inertie dans lequel il se trouvait ne lui permettait pas de s’en servir. Le comte Sandorf n’aurait pu l’abandonner un instant, sans qu’il eût été englouti, et pourtant il avait assez de se sauvegarder lui-même.

Puis, il y avait cette incertitude complète sur la direction que suivait ce torrent, en quel endroit du pays il aboutissait, en quelle rivière ou en quelle