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le donjon de pisino.

partir de ce point qu’il flottait, tantôt longeant la paroi rocheuse, tantôt balancé dans le vide, lorsqu’il se heurtait à quelques saillies qui surplombaient l’abîme.

Le comte Sandorf s’arrêta pour reprendre haleine. Ses deux pieds reposaient alors sur le rebord de la banquette, sa main tenant toujours le câble de fer. Il comprit qu’il avait atteint la première assise du donjon à sa base. Mais de quelle hauteur dominait-il la vallée inférieure, c’est ce qu’il ne pouvait encore estimer.

« Cela doit être profond », pensa-t-il.

En effet, de grands oiseaux, effarés, emportés dans l’aveuglante illumination des éclairs, volaient autour de lui à brusques coups d’ailes, et au lieu de s’élever dans leur vol, ils plongeaient vers le vide. De là, cette conséquence, c’est qu’un précipice, un abîme peut-être, devait se creuser au-dessous de lui.

À ce moment, un bruit se fît entendre à la partie supérieure du câble de fer. À travers la rapide lueur d’un éclair, le comte Sandorf vit confusément une masse se détacher de la muraille.

C’était Étienne Bathory qui se glissait hors de la fenêtre. Il venait de saisir le conducteur métallique et se laissait glisser lentement pour rejoindre