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mathias sandorf.

par la réunion des deux courants[1], positif et négatif, même sans qu’il y eût éclat de la foudre, c’est-à-dire rien que par la tension du fluide accumulé dans l’appareil défectueux.

Le comte Sandorf n’ignorait pas le danger auquel il s’exposait. Un sentiment plus puissant que l’instinct de la conservation le lui faisait braver. Il descendait lentement, prudemment, au milieu des effluves électriques, qui le baignaient tout entier. Son pied cherchait, le long du mur, chaque crampon d’attache et s’y reposait un instant. Puis, lorsqu’un vaste éclair illuminait l’abîme ouvert au-dessous de lui, il essayait, mais en vain, d’en reconnaître la profondeur.

Lorsque Mathias Sandorf fut ainsi descendu d’une soixantaine de pieds depuis la fenêtre de la cellule, il sentit un point d’appui plus assuré. C’était une sorte de banquette, large de quelques pouces, qui excédait le soubassement de la muraille. Quant au conducteur du paratonnerre, il ne se terminait pas à cet endroit, il descendait plus bas, et, en réalité, — ce que le fugitif ne pouvait savoir, — c’était à

  1. C’est ainsi qu’en 1753, Richemann fut tué par une étincelle grosse comme le poing, bien qu’il fût placé à quelque distance d’un paratonnerre, dont il avait interrompu la conduite.