Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/148

Cette page a été validée par deux contributeurs.

140
mathias sandorf.

cette affaire, — nom que Mathias Sandorf retint soigneusement.

Malheureusement, le dernier mot qu’il eût été si utile aux prisonniers de connaître, n’arriva pas jusqu’à eux. Sur la fin de la dernière phrase, un violent coup de foudre avait éclaté, et, pendant que le courant électrique suivait le conducteur du paratonnerre, des aigrettes lumineuses s’échappèrent de cette lame métallique que le comte Sandorf tenait à la main. Sans l’étoffe de soie qui l’entourait, il eût été sans doute atteint par le fluide.

Ainsi, le dernier mot, le nom de ce donjon, s’était perdu dans l’intense éclat du tonnerre. Les prisonniers n’avaient pu l’entendre. Et pourtant, de savoir en quelle forteresse ils étaient enfermés, à travers quel pays il leur faudrait fuir, combien cela eût accru les chances d’une évasion, pratiquée dans ces conditions si difficiles !

Le comte Sandorf s’était remis à l’œuvre. Trois alvéoles sur quatre étaient déjà rongées au point que le bout des barreaux en pouvait librement sortir. La quatrième fut alors attaquée à la lueur des éclairs, qui illuminait incessamment l’espace.

À dix heures et demie, le travail était entièrement achevé. Le croisillon, dégagé des parois, pouvait glisser à travers l’embrasure. Il n’y avait plus