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le donjon de pisino.

sorte d’état spongieux, comme si elle eût été criblée de millions de points électriques.

Ce fut Étienne Bathory, qui donna en quelques mots l’explication de ce phénomène, dès qu’il l’eut observé à son tour.

Mais il ne s’agissait pas d’expliquer, il s’agissait de se mettre à la besogne, sans perdre un instant. Si l’on parvenait à dégager l’extrémité des barreaux, après avoir fait sauter les angles de leurs alvéoles, peut-être serait-il facile ensuite de repousser le croisillon jusqu’à l’extérieur, puisque l’embrasure s’évasait du dedans au dehors, puis de le laisser tomber dans le vide. Le bruit de sa chute ne pourrait être entendu au milieu de ces longs roulements du tonnerre, qui se propageaient déjà et sans discontinuité dans les basses zones du ciel.

« Mais nous ne pouvons déchirer cette pierre avec nos mains ! dit Ladislas Zathmar.

— Non ! répondit le comte Sandorf. Il nous faudrait un morceau de fer, une lame… »

Cela était nécessaire, en effet. Si friable que fût la paroi au bord des alvéoles, les ongles se seraient brisés, les doigts se seraient ensanglantés, à essayer de la réduire en poussière. On n’y parviendrait pas, sans employer ne fût-ce qu’un clou.

Le comte Sandorf regardait autour de lui à la