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le donjon de pisino.

— Où aboutit cette chaîne ? demanda Étienne Bathory.

— À quelque puits, sans doute, répondit le comte Sandorf, mais certainement en dehors du donjon, et il ne nous en faut pas davantage. Je ne sais, je ne veux voir qu’une chose, c’est qu’au bout de cette chaîne, il y a la liberté… peut-être ! »

Le comte Sandorf ne se trompait pas en disant que le conducteur du paratonnerre devait être retenu au mur par des crampons, scellés de distance en distance. De là, une plus grande facilité pour descendre, puisque les fugitifs auraient là comme autant d’échelons, qui les garantiraient contre un glissement trop rapide. Mais, ce qu’ils ignoraient, c’est qu’à partir de la crête du plateau sur lequel se dressait la muraille du donjon, ce câble de fer devenait libre, flottant, abandonné dans le vide, et que son extrémité inférieure plongeait dans les eaux mêmes de la Foïba, alors grossies par des pluies récentes. Là où ils devaient compter qu’ils trouveraient le sol ferme, au fond de cette gorge, il n’y avait qu’un torrent, qui se précipitait impétueusement à travers la caverne du Buco. D’ailleurs, s’ils l’eussent su, auraient-ils reculé dans leur tentative d’évasion ? Non !

« Mourir pour mourir, eût dit Mathias Sandorf,