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mathias sandorf.

— Qu’importe ! répondit Étienne Bathory. Si la force nous manque, nous mourrons quelques heures plus tôt, voilà tout !

— Il ne faut pas mourir, Étienne, répondit le comte Sandorf. Écoute-moi bien, et vous aussi, Ladislas, ne perdez rien de mes paroles. Si nous possédions une corde, nous n’hésiterions pas à la suspendre en dehors de cette fenêtre pour nous laisser glisser jusqu’au sol ? Or, ce câble vaut mieux qu’une corde, à raison même de sa rigidité, et il devra rendre la descente plus facile. Comme tous les conducteurs de paratonnerre, nul doute qu’il ne soit maintenu à la muraille par des crampons de fer. Ces crampons seront autant de points fixes, sur lesquels nos pieds pourront trouver un appui. Pas de balancements à craindre, puisque ce câble est fixé au mur. Pas de vertige à redouter, puisqu’il fait nuit et que nous ne verrons rien du vide. Donc, que cette fenêtre nous livre passage, et, avec du sang-froid, avec du courage, nous pouvons être libres ! Qu’il y ait à risquer sa vie, c’est possible. Mais n’y eût-il que dix chances sur cent, qu’importe, puisque demain matin, si les gardiens nous trouvent dans cette cellule, c’est cent chances sur cent que nous avons de mourir !

— Soit, répondit Ladislas Zathmar.