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mathias sandorf.

mettent une note fausse au milieu de ces restes magnifiques d’une autre époque.

C’était du donjon de cette forteresse, que le comte Sandorf prétendait s’évader pendant les dernières heures qui allaient précéder l’exécution. Tentative insensée, sans doute, puisque les prisonniers ne savaient même pas quel était ce donjon qui leur servait de prison, puisqu’ils ne connaissaient rien du pays à travers lequel ils devraient se diriger après leur fuite !

Et peut-être était-il heureux que leur ignorance fût complète à cet égard ! Mieux instruits, ils auraient sans doute reculé devant les difficultés, pour ne pas dire les impossibilités d’une pareille entreprise.

Ce n’est pas que cette province de l’Istrie ne présente des chances favorables à une évasion, puisque, quelle que soit la direction prise par des fugitifs, ils peuvent atteindre n’importe quel point de son littoral en peu d’heures. Ce n’est pas non plus que les rues de la ville de Pisino soient si sévèrement gardées que l’on risque d’y être arrêté dès les premiers pas. Mais s’échapper de sa forteresse — et plus particulièrement du donjon occupé par les prisonniers, — jusqu’alors cela avait été considéré comme absolument impossible. L’idée même n’en pouvait pas venir.