Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.

124
mathias sandorf.

d’acoustique, semblable à ceux qu’on observe à l’intérieur des galeries de dômes ou sous les voûtes de forme ellipsoïdale. La voix, partant de l’un des côtés de l’ellipse, après avoir suivi le contour des murs, se fait entendre à l’autre foyer, sans avoir été perceptible en aucun point intermédiaire. Tel est ce phénomène, qui se produit dans les cryptes du Panthéon de Paris, à l’intérieur de la coupole de Saint-Pierre de Rome ; tel, dans la « whispering gallery », la galerie sonore de Saint-Paul de Londres. En ces conditions, le moindre mot, articulé même à voix basse, à l’un des foyers de ces courbes, est distinctement entendu au foyer opposé.

Il n’y avait donc pas à en douter, deux ou plusieurs personnes causaient, soit dans le couloir, soit dans une cellule située à l’extrémité de son diamètre, et le point focal se trouvait tout près de cette porte de la cellule occupée par Mathias Sandorf.

Un geste de celui-ci avait amené ses deux compagnons près de lui. Là, tous trois, l’oreille tendue, ils écoutèrent.

Des lambeaux de phrases arrivaient assez distinctement à leur oreille, phrases interrompues, dès que les causeurs s’éloignaient du foyer, si peu que ce fût, c’est-à-dire de ce point dont la situation déterminait la production du phénomène.