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avant, pendant et après le jugement.

même savoir qui l’avait trahi, c’était deux fois mourir. Ce billet auquel la police devait la découverte de la conspiration et l’arrestation des conspirateurs, qui l’avait surpris, qui s’était procuré les moyens de le lire, qui l’avait livré, vendu peut-être ?… En face de cet insoluble problème, le cerveau surexcité du comte Sandorf était en proie à une sorte de fièvre.

Aussi, tandis que ses amis écrivaient ou demeuraient muets et immobiles, marchait-il, inquiet, agité, longeant les murs de la cellule, comme un fauve enfermé dans sa cage.

Un phénomène singulier, mais parfaitement explicable par les seules lois de l’acoustique, allait lui livrer enfin le secret qu’il devait désespérer de jamais connaître.

Plusieurs fois, déjà, le comte Sandorf s’était arrêté, en passant près de l’angle que le mur de refend faisait avec le mur extérieur du couloir, sur lequel s’ouvraient les diverses cellules à cet étage du donjon. À cet angle, au joint de la porte, il avait cru entendre comme un murmure de voix éloignées, encore peu saisissable. Tout d’abord, il n’y donna pas attention ; mais, soudain, un nom qui fut prononcé — le sien — lui fit prêter plus soigneusement l’oreille.

Là se produisait évidemment un phénomène