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avant, pendant et après le jugement.

qu’une preuve matérielle du complot ne leur fût opposée. Dans ce cas, ils sauraient faire le sacrifice de leur vie. D’autres reprendraient un jour le mouvement avorté. La cause de l’indépendance retrouverait plus tard de nouveaux chefs. Eux, s’ils étaient convaincus, avoueraient quelles avaient été leurs espérances. Ils montreraient le but vers lequel ils marchaient, but qui serait atteint un jour ou l’autre. Ils ne prendraient même pas la peine de se défendre, et cette partie, perdue par eux, ils la payeraient noblement.

Ce n’était pas sans raison que le comte Sandorf et ses deux amis pensaient que l’action de la police avait été fort restreinte en cette affaire. À Bude, à Pesth, à Klausenbourg, dans toutes les villes où le mouvement devait se produire au signal venu de Trieste, les agents avaient cherché des traces du complot, vainement. Voilà pourquoi le gouvernement avait procédé avec tant de secret à l’arrestation des trois chefs de Trieste. S’il les avait emprisonnés dans la forteresse de Pisino, s’il voulait que rien ne s’ébruitât de cette affaire, avant qu’elle n’eût son dénouement, c’était avec l’espoir que quelque circonstance ferait connaître les auteurs du billet chiffré, adressé à la capitale de l’Istrie, mais venu on ne sait d’où.