Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.

108
mathias sandorf.

et il devait le jouer avec l’aplomb qu’il apportait en toutes choses.

D’ailleurs, le comte Sandorf, trompé par ce fourbe, — et qui ne l’eût été, à sa place ? — était décidé à tout faire pour le mettre hors de cause. Il ne lui serait pas difficile, pensait-il, de démontrer que Sarcany n’avait jamais pris part au complot, qu’il n’était qu’un simple comptable, introduit récemment dans la maison de Ladislas Zathmar, et uniquement chargé des affaires personnelles du comte, qui ne se rattachaient aucunement à la conspiration. Au besoin, il invoquerait le témoignage du banquier Silas Toronthal pour innocenter son jeune commis. Il ne doutait donc pas que Sarcany ne fût absous, aussi bien sur le chef principal que sur le chef de complicité, au cas où l’on viendrait à bout d’établir une accusation, — ce qui ne lui paraissait pas encore démontré.

En somme, le Gouvernement autrichien ne devait rien savoir de la conspiration en dehors des conspirateurs de Trieste. Leurs partisans, en Hongrie et en Transylvanie, lui étaient absolument inconnus. Il n’existait aucune trace de leur complicité. Mathias Sandorf, Étienne Bathory, Ladislas Zathmar, ne pouvaient donc avoir aucune inquiétude à ce sujet. Quant à eux, ils étaient décidés à tout nier, à moins