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avant, pendant et après le jugement.

On aurait fouillé jusque dans les coins les plus secrets la maison de l’Acquedotto, qu’on n’y eût pas trouvé une note suspecte ! Et c’était même ce qui était arrivé. Les agents de la police n’avaient rien découvert, — si ce n’est la grille, que le comte Zathmar n’avait pas détruite, car il était possible qu’il eût encore besoin de s’en servir. Et, par malheur, cette grille allait devenir une pièce à conviction, dont il serait impossible d’expliquer l’emploi, autrement que pour les besoins d’une correspondance chiffrée.

En somme, — ce que les prisonniers ignoraient encore, — tout reposait sur la copie de ce billet que Sarcany, de connivence avec Silas Toronthal, avait livrée au gouverneur de Trieste, après en avoir rétabli le sens en texte clair. Mais cela devait malheureusement suffire pour établir une accusation de complot contre la sûreté de l’État. Donc, il n’en fallait pas plus pour amener le comte Sandorf et ses amis devant une juridiction spéciale, un tribunal militaire, qui allait procéder militairement.

Il y avait eu un traître, cependant, et il n’était pas loin. En se laissant arrêter, sans mot dire, en se laissant juger, en se laissant condamner même quitte à être gracié plus tard, ce traître devrait écarter tous les soupçons. C’était là le jeu de Sarcany,