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première lettre

s’en présentait… Or, depuis mon départ, aucune dépêche ne m’était arrivée.

La lecture du journal ne m’apprit rien de nouveau. Il me tomba des mains sans que j’y prisse garde, et je restai plongé dans mes réflexions…

Ce qui me revenait à l’esprit, c’était cette opinion de M. Ward que peut-être l’automobile et le bateau ne faisaient qu’un… Très probablement alors, les deux appareils auraient été construits de la même main… Et, sans doute, c’était un moteur identique qui les animait de cette excessive vitesse, dépassant du double les records obtenus, à ce jour, dans les courses sur terre et sur mer…

« Le même inventeur », répétais-je.

Évidemment, cette hypothèse ne péchait point contre la vraisemblance. Même, la circonstance que les deux engins n’eussent jamais été signalés ensemble permettait de l’admettre dans une certaine mesure…

Et je me disais :

« Décidément, après le mystère du Great-Eyry, celui de la baie de Boston !… Est-ce qu’il en sera du second comme du premier ?… Ne parviendra-t-on pas à les connaître l’un plus que l’autre ?… »

Je dois noter que cette nouvelle affaire avait un retentissement considérable, attendu qu’elle menaçait la sécurité générale. Seuls, les habitants du district voisin des Montagnes-Bleues couraient des risques si une éruption ou un tremblement de terre venait à se produire… Au contraire, c’était sur n’importe quelle route des États-Unis, c’était dans n’importe quels parages américains que, soit le véhicule, soit le bateau, pouvaient subitement réapparaître et, avec leur réapparition, surgiraient les très réels dangers auxquels serait exposée l’universalité des citoyens…

C’était comme un coup de foudre, et, sans que vous soyez pré-