Page:Verne - Maître du monde, Hetzel, 1904.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.
70
maître du monde

sans être dérangé, n’ayant ni femme ni enfant. Pour tout personnel, une vieille domestique qui, après avoir été au service de ma mère, depuis quinze ans était au mien.

Un mois auparavant, j’avais obtenu un congé. Il devait durer quinze jours encore, à moins de circonstances imprévues, une mission ne souffrant aucun retard.

On le sait, ce congé fut précisément interrompu pendant trois jours, à propos de cette enquête relative au phénomène du Great-Eyry.

Et, maintenant, la tâche ne me serait-elle pas donnée de faire la lumière sur les événements dont la route de Milwaukee, d’une part, les parages de Boston, de l’autre, avaient été le théâtre ?… Je le verrais bien… Mais comment retrouver la piste de cette automobile et de ce bateau ?… Assurément, l’intérêt public, la sécurité des eaux et des routes exigeaient qu’une enquête fût poursuivie dans ce but… Il est vrai, que faire tant que le ou les chauffeurs ne seraient pas signalés et, même en ce cas, comment les saisir au passage ?

Rentré dans ma maison, après déjeuner, ma pipe allumée, je dépliai mon journal… L’avouerai-je ?… la politique m’intéressait peu, ni l’éternelle lutte entre les républicains et les démocrates… Aussi allai-je tout d’abord à la rubrique des faits divers…

Qu’on ne s’étonne pas si mon premier soin fut de chercher quelque information, venue de la Caroline du Nord, sur l’affaire du Great-Eyry. Peut-être s’y trouverait-il une communication, envoyée de Morganton ou de Pleasant-Garden ?… D’ailleurs, M. Smith m’avait formellement promis de me tenir au courant. Un télégramme me préviendrait aussitôt, en cas que l’aire se fût illuminée de flammes. Je crois bien que le maire de Morganton avait, non moins que moi, le désir de forcer l’entrée de l’enceinte et ne demandait qu’à renouveler notre tentative, si l’occasion