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V

EN VUE DU LITTORAL DE LA NOUVELLE-ANGLETERRE.


À l’époque où ces faits furent rapportés par les journaux d’Amérique, j’étais depuis un mois de retour à Washington.

Dès mon arrivée, j’avais eu soin de me présenter chez mon chef. Je ne pus le voir. Pour des raisons de famille, une absence allait le tenir éloigné quelques semaines. Mais, à n’en pas douter, M. Ward connaissait l’insuccès de ma mission. Les diverses feuilles de la Caroline du Nord avaient rapporté fort exactement les détails de cette ascension au Great-Eyry, en compagnie du maire de Morganton.

On comprendra le violent dépit que je ressentais de cette tentative inutile, sans parler de ma curiosité non satisfaite. Et, au vrai, je ne pouvais me faire à cette idée qu’elle ne le serait pas dans l’avenir… Quoi ! ne pas surprendre les secrets du Great-Eyry !… Non ! quand je devrais dix fois, vingt fois, me remettre en campagne et au risque d’y succomber !…

Évidemment, il n’était pas au-dessus des forces humaines, ce travail qui donnerait accès à l’intérieur de l’aire. Dresser un échafaudage jusqu’à la crête des hautes murailles, ou percer une galerie à travers l’épaisse paroi de l’enceinte, cela n’avait rien d’impossible. Nos ingénieurs s’attaquent journellement à des œuvres plus difficiles. Mais, en ce qui concerne le Great-Eyry, il eût fallu compter avec la dépense qui aurait été, dans l’espèce, hors de proportion avec les avantages à en retirer. Elle se fût