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great-eyry

jamais été constaté, et il y avait toujours cette chance que la chute du bloc eût laissé une brèche dans l’épaisseur du cadre rocheux.

« Enfin, me dit M. Smith, après avoir allumé la première pipe des vingt qu’il fumait par jour, nous allons partir et du bon pied. Quant à la question de savoir si cette ascension demandera plus ou moins de temps…

— Dans tous les cas, monsieur Smith, demandai-je, nous sommes bien résolus à mener notre enquête jusqu’au bout ?

— Résolus ! monsieur Strock.

— Mon chef m’a chargé d’arracher ses secrets à ce diable de Great-Eyry…

— Nous les lui arracherons, de gré ou de force, répliqua M. Smith en prenant le ciel à témoin de sa déclaration, et quand nous devrions les aller chercher jusque dans les entrailles de la montagne.

— Comme il se peut que notre excursion se prolonge au delà de cette journée, ajoutai-je, il est prudent de se munir de vivres…

— Soyez sans inquiétude, monsieur Strock, nos guides ont pour deux jours de provisions dans leur carnier et nous ne partons point les poches vides… D’ailleurs, si je laisse le brave Nisko à la ferme, j’emporte mon fusil. Le gibier ne doit pas manquer dans la zone boisée et au fond des gorges des premières ramifications… Nous battrons le briquet pour faire cuire notre chasse, à moins qu’il ne se trouve là-haut un feu tout allumé…

— Tout allumé… monsieur Smith ?

— Et pourquoi non, monsieur Strock ?… Ces flammes, ces superbes flammes qui ont tant effrayé nos campagnards !… Sait-on si leur foyer est absolument refroidi, si quelque feu ne couve pas sous la cendre ?… Et puis, s’il y a un cratère inté-