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maître du monde

des secousses ?… Précisément, lors de la grande apparition des flammes, je me trouvais à ma ferme de Wildon, à moins d’un mille du Great-Eyry, et, si un certain tumulte se produisait dans les airs, je n’ai constaté de secousses ni à la surface ni à l’intérieur du sol…

— Cependant, d’après les rapports envoyés à M. Ward…

— Des rapports rédigés sous l’impression de la panique ! déclara le maire de Morganton. En tout cas, je n’en ai point parlé dans le mien…

— C’est à retenir… Quant aux flammes qui dépassaient les dernières roches…

— Oh ! les flammes, monsieur Strock, c’est autre chose !… Je les ai vues… vues de mes propres yeux, et les nuages en réverbéraient les lueurs à grande distance. D’autre part, des bruits se faisaient entendre à la crête du Great-Eyry… des sifflements, tels ceux d’une chaudière que l’on vide de sa vapeur…

— Voilà ce dont vous avez été témoin ?…

— Oui… et j’en avais les oreilles assourdies !

— Puis, au milieu de ce tumulte, monsieur Smith, est-ce que vous ne croyez pas avoir surpris de grands battements d’ailes ?…

— En effet, monsieur Strock. Or, pour produire ces battements, quel est donc l’oiseau gigantesque qui aurait traversé les airs, après l’extinction des dernières flammes ?… Et de quelles ailes eût-il été pourvu ?… J’en suis donc à me demander si ce n’est point une erreur de mon imagination !… Great-Eyry, une aire habitée par des monstres aériens !… Est-ce qu’on ne les aurait pas depuis longtemps aperçus, planant au-dessus de leur immense nid de roches ?… En vérité, il y a dans tout ceci un mystère qui n’a pas été éclairci jusqu’ici…

— Mais que nous éclaircirons, monsieur Smith, si vous voulez bien me prêter assistance…