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maître du monde

à peu aggravés au point qu’il prétendait s’asservir le monde entier, ainsi que le marquaient sa dernière lettre, et ses menaces très significatives. Fallait-il donc admettre que, avec le temps, sa surexcitation mentale s’était accrue dans une mesure effrayante, qu’elle risquait de l’entraîner aux pires excès ?…

Quant à ce qui s’était passé depuis le départ de l’Albatros, ce que je savais me permettait de le reconstituer aisément. Il n’avait pas suffi à ce prodigieux inventeur de créer une machine volante, si perfectionnée qu’elle fût. La pensée lui était venue de construire un appareil apte à se mouvoir sur terre, sur et sous les eaux comme à travers l’espace. Et, probablement, dans le chantier de l’île X, un personnel de choix, qui garda le secret, parvint à établir de toutes pièces l’appareil à triple transformation. Puis, le second Albatros fut détruit, et, sans doute, dans cette enceinte du Great-Eyry, infranchissable à tout autre. L’Épouvante fit alors son apparition sur les routes des États-Unis, dans les mers voisines, à travers les zones aériennes de l’Amérique. Et l’on sait en quelles conditions, après avoir été vainement poursuivie à la surface du lac Érié, elle s’échappa par la voie des airs, tandis que j’étais prisonnier à bord !