Mais, s’il se mettait en marche, ne serait-il pas perdu pour nous ?… Où le retrouver ?… Pour abandonner les eaux du lac Érié, n’avait-il pas les routes des États limitrophes, ou le cours de Detroit-river, qui l’aurait conduit au lac Huron ?… Et cette occasion se représenterait-elle jamais qu’il fût de nouveau signalé au fond de la crique de Black-Rock ?
« À bord… dis-je à Wells, Hart, Walker, vous et moi, nous sommes quatre… Ils ne s’attendent pas à être attaqués… Ils seront surpris… À Dieu vat ! comme disent les marins. »
J’allais appeler mes deux agents, lorsque Wells me saisit le bras.
« Écoutez », dit-il.
En ce moment, un des hommes halait le bateau qui se rapprochait des roches.
Et voici les paroles qui furent échangées entre le capitaine et ses compagnons :
« Tout était en ordre là-bas ?…
— Tout, capitaine.
— Il doit rester encore deux ballots ?…
— Deux.
— Un seul voyage suffira pour les rapporter à l’Épouvante ?… »
L’Épouvante !… C’était bien là l’appareil de ce Maître du Monde !…
« Un seul voyage… avait répondu l’un des hommes.
— Bien… Nous repartirons demain au lever du soleil ! »
N’étaient-ils donc que trois à bord, trois seulement, le capitaine et ces deux hommes ?…
Or, ceux-ci allaient sans doute chercher les derniers ballots dans le bois… Puis, au retour, ils embarqueraient, ils descendraient dans leur poste, ils s’y coucheraient ?… Ne serait-ce pas alors le moment de les surprendre avant qu’ils se fussent mis sur la défensive ?…