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la crique de black-rock

— Vous avez fait le tour de la crique ?…

— Oui, répondit Nab Walker, et nous n’avons pas même vu quelque vestige du matériel que M. Wells avait remarqué !…

— Attendons », dis-je, car je ne pouvais me décider à revenir vers le bois.

Or, à cet instant, notre attention fut attirée par une certaine agitation des eaux, qui se propageait jusqu’au bas des roches.

«  C’est comme un clapotis, observa Wells.

— En effet, répondis-je en baissant instinctivement la voix. D’où provient-il ?… La brise est complètement tombée !… Est-ce un trouble qui se produit à la surface du lac ?…

— Ou au-dessous ?… », ajouta Wells, qui se courbait pour mieux entendre.

En effet, il y avait lieu de se demander si quelque bateau, dont le moteur eût provoqué cette agitation, ne se dirigeait pas vers le fond de la crique.

Silencieux, immobiles, nous essayions de percer cette profonde obscurité, tandis que le ressac s’accentuait contre les roches du littoral.

Cependant John Hart et Nab Walker avaient gravi vers la droite l’arête supérieure. Quant à moi, baissé au ras de l’eau, j’observais l’agitation, qui ne diminuait pas. Au contraire, elle devenait plus sensible, et je commençais à percevoir une sorte de battement régulier, pareil à celui que produit une hélice en mouvement.

« Plus de doute !… déclara Wells en se penchant jusqu’à moi, c’est un bateau qui s’approche…

— Assurément, répondis-je, et à moins qu’il n’y ait des cétacés ou des squales dans l’Érié…

— Non !… un bateau !… répétait Wells. Se dirige-t-il vers le fond de la crique, ou cherche-t-il à accoster plus haut ?…

— C’est ici que vous l’aviez vu par deux fois ?