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maître du monde

lée avant que cette campagne eût pris fin. Nulle indiscrétion ne serait commise ni par mes compagnons ni par moi.

L’agent auquel j’étais adressé, avec un mandat de M. Ward, se nommait Arthur Wells et m’attendait à Toledo.

On le sait, nos préparatifs de départ étaient faits depuis quelque temps déjà. Trois valises peu encombrantes, — pour tout bagage, en prévision de ce que notre absence risquait de se prolonger. John Hart et Nab Walker s’étaient munis de revolvers de poche. Je fis comme eux. Qui sait si nous n’aurions pas à attaquer ou même à nous défendre ?…

La ville de Toledo est bâtie à l’extrême pointe du lac Érié dont les eaux baignent les côtes septentrionales de l’Ohio. Le rapide, où trois places nous avaient été réservées, traversa pendant la nuit la Virginie orientale et l’Ohio. Nous n’eûmes à subir aucun retard et, dès huit heures du matin, la locomotive s’arrêtait en gare de Toledo.

Sur le quai attendait Arthur Wells. Prévenu de l’arrivée de l’inspecteur principal Strock, il avait, ainsi qu’il me l’apprit, grand’hâte de s’être mis en rapport avec moi, et je lui rendais bien la pareille.

À peine avais-je mis pied à terre que je devinai mon homme, occupé à dévisager les voyageurs.

J’allai à lui.

« Monsieur Wells ?… dis-je.

— Monsieur Strock ?… me répondit-il.

— Moi-même.

— À votre disposition… ajouta M. Wells.

— Devons-nous rester quelques heures à Toledo ? demandai-je.

— Non, avec votre permission, monsieur Strock… Un break, attelé de deux bons chevaux, est dans la cour de la gare, et il faut partir à l’instant, afin d’être sur place avant le soir…