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hors la loi

lorsqu’il serait automobile sur terre, bateau sur mer, sous-marin entre deux eaux, que l’appareil pourrait être arrêté. Non ! il serait nécessaire qu’il fût pris à l’improviste avant d’avoir réussi à s’échapper grâce à cette vitesse que nul engin de locomotion ne pouvait égaler.

J’étais donc sur le qui-vive, attendant un ordre de M. Ward pour partir avec mes agents. Et l’ordre n’arrivait pas, pour cette bonne raison que celui qu’il concernait demeurait invisible.

La fin du mois de juillet approchait. Les journaux ne cessaient d’entretenir leurs lecteurs de l’affaire. Parfois, de nouvelles informations se produisaient, qui surexcitaient la curiosité publique. D’autres pistes étaient indiquées. En somme, rien de sérieux. Les télégrammes se croisaient sur toute l’étendue du territoire, se contredisaient et se détruisaient. On le comprend, d’ailleurs, l’appât de primes énormes ne pouvait qu’engendrer des erreurs, même de bonne foi. Un jour, c’était le véhicule qui passait comme une trombe… Un autre, c’était le bateau qui venait de se montrer à la surface de l’un de ces lacs si nombreux en Amérique… Puis c’était le submersible qui évoluait près du littoral… Au vrai, pur effet d’imagination en travail, chez des esprits, aussi surexcités qu’effrayés, voyant toutes ces apparitions à travers le verre grossissant des primes !…

Enfin, à la date du 29 juillet, je reçus de mon chef l’ordre de passer à son cabinet sans perdre un instant.

Vingt minutes après, j’étais en sa présence.

« Soyez parti dans une heure, Strock… me dit-il.

— Pour ?…

— Pour Toledo.

— Il a été vu ?…

— Oui… et, là, vous aurez des renseignements.