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LES VOYAGEURS DU XIXe SIÈCLE.

avaient procédé à toutes les observations scientifiques. Aussi la moisson était-elle des plus riches. Cinquante-deux cartes et des plans avaient été dressés, des collections des trois règnes de la nature, aussi nombreuses que nouvelles, avaient été réunies. Vocabulaires très nombreux, à l'aide desquels on espérait reconstituer l'histoire des migrations des peuplades océaniennes, renseignements curieux sur les productions des endroits visités, sur l'état du commerce et de l'industrie des habitants, observations relatives à la figure de la terre, recherches de magnétisme, de météorologie et de botanique, tel était le bagage scientifique considérable que la Coquille rapportait et dont la publication était vivement attendue du monde savant.

II

Expédition du baron de Bougainville.—Relâche à Pondichéry.—La ville blanche et la ville noire.—La main droite et la main gauche.—Malacca.—Singapour et sa récente prospérité.—Relâche à Manille.—La baie de Tourane.—Les singes et les habitants.—Les rochers de marbre de Fay-Foë.—Diplomatie cochinchinoise.—Les Anambas.—Le sultan de Madura.—Les détroits de Madura et d'Allass.—Cloates et les Trials.—Van-Diémen.—Botany-Bay et la Nouvelle-Galles du Sud.—Santiago et Valparaiso.—Retour par le cap Horn.—Expédition de Dumont d'Urville sur l'Astrolabe.—Le pic de Teyde.—L'Australie.—Relâche à la Nouvelle-Zélande.—Tonga.—Tabou.—Escarmouches.—Nouvelle-Bretagne et Nouvelle-Guinée.—Premières nouvelles du sort de La Pérouse.—Vanikoro et ses habitants.—Relâche à Guaham.—Amboine et Mauado.—Résultats de l'expédition.

L'expédition dont le commandement fut confié au baron de Bougainville n'était, à proprement parler, ni un voyage scientifique ni une campagne de découvertes. Son but principal était de montrer notre pavillon dans l'extrême Orient, et de faire sentir à ces gouvernements peu scrupuleux que la France entendait protéger ses nationaux et ses intérêts, partout et en tout temps. Les instructions données à ce capitaine de vaisseau portaient, en outre, qu'il aurait à remettre au souverain de la Cochinchine une lettre du roi, ainsi que des présents qui devaient être embarqués sur la frégate la Thétis. M. de Bougainville devait aussi se livrer à des recherches hydrographiques partout où il le pourrait, sans s'exposer à des retards nuisibles à sa navigation, et réunir les notions les plus étendues sur le commerce, les productions et les moyens d'échange des pays où il s'arrêterait. Deux bâtiments étaient placés sous les ordres de M. de Bougainville. L'un, la Thétis, était une frégate toute neuve, portant quarante-quatre canons et trois cents matelots;—aucun bâtiment français de cette force, sauf la Boudeuse, n'avait