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LES VOYAGEURS DU XIXe SIÈCLE.

sur les joues, les épaules et les cuisses, telles furent les marques d'amitié qu'il prodigua pour les petits présents qui lui avaient été faits ainsi qu'à sa femme. Mais la reconnaissance de ces souverains ne se traduisit que par le don de sept «tots», dont cinq étaient du tissu le plus fin. A la sortie de cette audience, les Français visitèrent le village et furent tout étonnés d'y rencontrer deux colossales murailles de corail, dont certains blocs pesaient plusieurs milliers. Malgré quelques vols commis par les chefs, les dix jours de relâche se passèrent paisiblement, et l'accord, qui avait si bien inauguré les rapports entre les Français et les Ualanais, ne fut pas un seul instant troublé. «Il est facile, dit Duperrey, de se convaincre de quelle importance l'île d'Ualan peut devenir un jour. Placée au milieu des îles Carolines, sur la route des navires qui vont de la Nouvelle-Hollande en Chine, elle leur présente à la fois des ports de carénage, de l'eau en abondance et des rafraîchissements de différentes espèces. Ses peuples sont généreux et pacifiques, et ils seront bientôt en état d'offrir aux navigateurs un aliment indispensable à la mer, celui qui résultera, sans doute, de deux truies pleines que nous leur avons laissées et qu'ils ont reçues avec la plus vive reconnaissance.» Les réflexions de Duperrey n'ont pas été justifiées par les événements, et l'île d'Ualan, bien qu'une route d'Europe en Chine, par le sud de Van-Diémen, passe dans ses parages, n'a guère plus d'importance aujourd'hui qu'il y a cinquante ans. La vapeur a tellement bouleversé les conditions de la navigation, elle a produit des changements si radicaux, que les navigateurs du commencement du siècle ne pouvaient les prévoir. La Coquille n'avait quitté Ualan que depuis deux jours, lorsqu'elle découvrit, les 17, 18 et 23 juin, de nouveaux îlots, dont les noms, Pelelap, Takai, Aoura, Ougai, Mongoul, lui furent désignés par les indigènes. Ce sont les groupes Mac-Askyll et Duperrey, dont les habitants ressemblaient aux Ualanais, et qui, de même qu'aux îles Radak, désignaient leurs chefs sous le nom de «tamons». Le 24 du même mois, la Coquille donnait au milieu du groupe Hogoleu, que Kotzebue avait cherché sous une latitude trop élevée, et dont le commandant reconnut le gisement à quelques noms, donnés par les naturels, qui se trouvent inscrits sur la carte du père Cantova. La reconnaissance hydrographique de ce groupe, qui n'embrasse pas moins de trente lieues de circonférence, fut faite par M. de Blois du 24 au 27 juin. Ces îles sont pour la plupart hautes et terminées par des pitons volcaniques;