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L’AURORE D’UN SIÈCLE DE DÉCOUVERTES.

Le district d’El-Botthin, qui vient ensuite, renferme plusieurs milliers de cavernes, creusées dans le roc, qu’occupaient ses anciens habitants. Il en était encore à peu près de même lors du passage de Seetzen.

Mkês était jadis une ville riche et considérable, comme le prouvent ses débris très nombreux de colonnes et ses sarcophages. Seetzen l’identifie avec Gadara, une des villes secondaires de la Décapolitaine.

À quelques lieues de là, sont situées les ruines d’Abil, l’Abila des anciens. Seetzen ne put déterminer son guide Aoser à s’y rendre, effrayé qu’il était des bruits qui couraient sur les Arabes Beni-Szahar. Il dut donc aller seul.

« Elle est totalement ruinée et abandonnée, dit le voyageur ; il n’y a plus un seul édifice sur pied, mais les ruines et les débris attestent sa splendeur passée. On y trouve de beaux restes de l’ancienne enceinte et une quantité de voûtes et de colonnes de marbre, de basalte et de granit gris. Au delà de cette enceinte, je trouvai un grand nombre de colonnes, dont deux d’une grandeur extraordinaire. J’en conclus qu’il y avait ici un temple considérable. »

En sortant du district d’El-Botthin, Seetzen entra dans celui d’Edschlun. Il ne tarda pas à découvrir les ruines importantes de Dscherrasch, qui peuvent être comparées à celles de Palmyre et de Baalbek.

« On ne saurait s’expliquer, dit Seetzen, comment cette ville, autrefois si célèbre, a pu échapper jusqu’ici à l’attention des amateurs de l’antiquité. Elle est située dans une plaine ouverte, assez fertile et traversée par une rivière. Avant d’y entrer, je trouvai plusieurs sarcophages avec de très beaux bas-reliefs, parmi lesquels j’en remarquai un sur le bord du chemin avec une inscription grecque. Les murs de la ville sont absolument écroulés, mais on reconnaît encore toute leur étendue, qui peut avoir été de trois quarts et même d’une lieue. Ces murs étaient entièrement construits de pierres de taille de marbre. L’espace intérieur est inégal et s’abaisse vers la rivière. Aucune maison particulière, n’a été conservée ; en revanche, je remarquai plusieurs édifices publics, qui se distinguaient par une très belle architecture. J’y trouvai deux superbes amphithéâtres, construits solidement en marbre, avec des colonnes, des niches, etc., le tout bien conservé ; quelques palais, et trois temples, dont l’un avait un péristyle de douze grandes colonnes d’ordre corinthien dont onze sont encore sur pied. Dans un autre de ces temples, je vis une colonne renversée, du plus beau granit d’Égypte poli. J’ai encore trouvé une belle porte de ville, bien conservée, formée de trois arcades et ornée de pilastres. Le plus beau monument que j’y trouvai était une rue longue, croisée par une autre et garnie des deux côtés d’une file de colonnes de marbre d’ordre corinthien et dont une des