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L’AURORE D’UN SIÈCLE DE DÉCOUVERTES.

contenance, lui laissa la certitude qu’Omar-Aga avait voulu le faire dépouiller.

De retour à Damas, Seetzen eut grand’peine à trouver un guide qui consentît à l’accompagner dans son voyage le long de la rive orientale du Jourdain et autour de la mer Morte. Cependant, un certain Yusuf-al-Milky, de religion grecque, qui avait fait, pendant une trentaine d’années, le commerce avec les tribus arabes et parcouru les cantons que Seetzen voulait visiter, consentit à l’accompagner.

Ce fut le 19 janvier 1806 que les deux voyageurs quittèrent Damas. Seetzen n’emportait pour tout bagage que quelques hardes, les livres indispensables, du papier pour sécher les plantes et l’assortiment de drogues nécessaire à son caractère supposé de médecin. Il avait revêtu le costume d’un cheik de seconde classe.

Les deux districts de Rascheia et d’Hasbeia, situés au pied du mont Hermon, dont la cime disparaissait alors sous une couche de neige, furent ceux que Seetzen explora les premiers, parce qu’ils étaient les moins connus de la Syrie.

De l’autre côté de la montagne, le voyageur visita successivement Achha, village habité par des Druses ; Rascheia, résidence de l’émir ; Hasbeia, où il descendit chez le savant évêque grec de Szur ou Szeida, pour lequel il avait une lettre de recommandation. L’objet qui attira le plus particulièrement l’attention du voyageur en ce pays montagneux fut une mine d’asphalte, matière « qu’on emploie ici pour garantir les vignes des insectes. »

De Hasbeia, Seetzen gagna ensuite Baniass, l’ancienne Cæsarea Philippi, aujourd’hui misérable hameau d’une vingtaine de cabanes. Si l’on pouvait encore retrouver les traces de son mur d’enceinte, il n’en était pas de même des restes du temple magnifique qui fut élevé par Hérode en l’honneur d’Auguste.

La rivière de Baniass passait, dans l’opinion des anciens, pour la source du Jourdain, mais c’est la rivière d’Hasbeny qui, formant la branche la plus longue du Jourdain, doit mériter ce nom. Seetzen la reconnut, ainsi que le lac Méron ou Samachonitis de l’antiquité.

À cet endroit, il fut abandonné à la fois par ses muletiers, qui pour rien au monde n’auraient voulu l’accompagner jusqu’au pont Dschir-Behat-Jakub, et par son guide Yusuf, qu’il dut envoyer par la grande route l’attendre à Tibériade, tandis que lui-même s’avançait à pied vers ce pont si redouté, suivi d’un seul Arabe.

Mais, à Dschir-Behat-Jakub, Seetzen ne pouvait trouver personne qui voulût l’accompagner sur la rive orientale du Jourdain, lorsqu’un indigène, apprenant