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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

à peine de franchir le détroit de la Sonde, qu’une terrible fièvre putride coucha sur les cadres la moitié de l’équipage et détermina la mort de trois matelots.

Le 10 février, après quarante-huit jours de navigation, Byron aperçut la côte d’Afrique, et jeta l’ancre trois jours plus tard dans la baie de la Table.

La ville du Cap lui fournit toutes les ressources dont on pouvait avoir besoin. Vivres, eau, médicaments, tout fut embarqué avec une rapidité qu’expliquait l’impatience du retour, et la proue des navires fut enfin dirigée vers les rives de la patrie.

Deux incidents marquèrent la traversée de l’Atlantique :

« À la hauteur de Sainte-Hélène, dit Byron, par un beau temps et un vent frais, à une distance considérable de la terre, le vaisseau reçut une secousse aussi rude que s’il eût donné sur un banc. La violence de ce mouvement nous alarma tous, et nous courûmes sur le pont. Nous vîmes la mer se teindre de sang sur une très grande étendue, ce qui dissipa nos craintes. Nous en conclûmes que nous avions touché sur une baleine ou sur un grampus, et que, vraisemblablement, notre vaisseau n’en avait reçu aucun dommage, ce qui était vrai. »

Enfin, quelques jours plus tard, la Tamar se trouvait dans un tel état de délabrement, des avaries si graves étaient survenues à son gouvernail, qu’on fut obligé d’inventer une machine pour le remplacer et l’aider à gagner les Antilles, car c’eût été trop risquer que de lui faire continuer le voyage.

Le 9 mai 1766, le Dauphin jetait l’ancre aux Dunes, après un voyage autour du monde qui avait duré près de vingt-trois mois.

De toutes les circumnavigations qu’avaient tentées les Anglais, celle-ci était la plus heureuse. Jusqu’à cette époque, aucun voyage purement scientifique n’avait été essayé. Si les résultats n’en furent pas aussi féconds qu’on pouvait l’espérer, il faut s’en prendre, non au commandant qui fit preuve d’habileté, mais bien plutôt aux lords de l’Amirauté, dont les instructions ne furent pas assez précises et qui n’eurent pas le soin d’embarquer, comme on le fit plus tard, des savants spéciaux pour les diverses branches de la science.

Au reste, pleine justice fut rendue à Byron. On lui conféra le titre d’amiral, et on lui donna un commandement important dans les Indes Orientales. Mais cette dernière partie de sa vie, qui finit en 1786, n’est pas de notre ressort. Nous n’en parlerons donc pas.