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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

t-il à en prendre plus ample connaissance, car il aurait fallu courir plus de risques que l’atterrissement ne promettait d’avantages. Byron les nomma îles du Danger.

Six jours plus tard, l’île du Duc d’York fut découverte. Les Anglais n’y rencontrèrent pas d’habitants, mais en tirèrent deux cents noix de coco, qui leur parurent d’un prix inestimable.

Un peu plus loin, par 1° 18′ de latitude sud et 173° 46′ de longitude ouest, une île isolée, située à l’est de l’archipel Gilbert, reçut le nom de Byron. La chaleur était alors accablante, et les matelots, affaiblis par ce long voyage, ne mangeant qu’une nourriture insuffisante et malsaine, ne buvant qu’une eau putride, furent presque tous attaqués de la dysenterie.

Enfin, le 28 juillet, Byron reconnut avec joie les îles Saypan et Tinian, qui font partie de l’archipel des Mariannes ou des Larrons, et il vint mouiller dans l’endroit même où le lord Anson avait jeté l’ancre avec le Centurion.

Aussitôt furent dressées les tentes pour les scorbutiques. Presque tous les matelots avaient ressenti les atteintes de cette terrible maladie, plusieurs même étaient à toute extrémité. Le commandant entreprit alors de pénétrer dans les bois épais qui descendaient jusqu’à l’extrême limite du rivage, pour y chercher ces paysages délicieux dont on lit les descriptions enchanteresses dans le récit du chapelain de lord Anson. Qu’ils étaient loin de la réalité, ces récits enthousiastes ! De tous côtés, c’étaient des forêts impénétrables, des fouillis de plantes, de ronces ou d’arbustes enchevêtrés, qu’on ne pouvait traverser sans laisser, à chaque pas, des lambeaux de ses vêtements. En même temps, des nuées de moustiques s’abattaient sur les explorateurs et les piquaient cruellement. Le gibier était rare, farouche, l’eau détestable, la rade on ne peut plus dangereuse en cette saison.

La relâche s’annonçait donc sous de mauvais auspices. Cependant, on finit par découvrir des limons, des oranges amères, des cocos, le fruit à pain, des goyaves et quelques autres fruits. Si ces productions offraient des ressources excellentes pour les scorbutiques, qu’elles eurent bientôt remis sur pied, l’air, chargé d’émanations marécageuses, détermina des accès de fièvre si violents, que deux matelots en moururent. De plus, la pluie ne cessait de tomber, et la chaleur était accablante. « J’avais été, dit Byron, sur les côtes de Guinée, aux Indes Occidentales et dans l’île Saint-Thomas, qui est sous la ligne, et jamais je n’avais éprouvé une si vive chaleur. »

Toutefois, on parvenait à se procurer assez facilement de la volaille et des cochons sauvages, pesant ordinairement deux cents livres ; mais il fallait con-