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L'ASIE ET SES PEUPLES.

velle-Albion. Il y rencontra presque aussitôt le capitaine Gray, qui passait pour avoir pénétré avec le Washington dans le détroit de Fuca, et avoir reconnu une vaste mer. Gray se hâta de démentir les découvertes qu’on lui avait si généreusement prêtées. Il n’avait fait que cinquante milles seulement dans le détroit qui courait de l’ouest à l’est, jusqu’à un endroit à partir duquel les naturels lui assuraient qu’il s’enfonçait dans le nord.

Vancouver pénétra à son tour dans le détroit de Fuca, y reconnut le port de la Découverte, l’entrée de l’Amirauté, la Birch-Bay, le Désolation-Sound, le détroit de Johnston et l’archipel de Broughton. Avant d’atteindre l’extrémité de ce long bras de mer, il avait rencontré deux petits bâtiments espagnols sous les ordres de Quadra. Les deux capitaines se communiquèrent leurs travaux réciproques, et donnèrent leurs deux noms à la principale île de ce nombreux archipel, qui fut désigné sous le nom de Nouvelle-Géorgie.

Vancouver visita ensuite Nootka, la rivière Columbia, et vint relâcher à San-Francisco. On comprend que nous ne puissions suivre dans tous ses détails cette exploration minutieuse, qui ne demanda pas moins de trois campagnes successives. L’immense étendue de côtes comprise entre le cap Mendocino et le port de Conclusion par 56° 14′ nord et 225° 37′ est, fut reconnue par les navires anglais.

« Maintenant, dit le voyageur, que nous avons atteint le but principal que le roi s’était proposé en ordonnant ce voyage, je me flatte que notre reconnaissance très précise de la côte nord-ouest de l’Amérique dissipera tous les doutes et écartera toutes les fausses opinions concernant un passage par le nord ouest ; qu’on ne croira plus qu’il y ait une communication entre la mer Pacifique du Nord et l’intérieur du continent de l’Amérique dans l’étendue que nous avons parcourue. »

Parti de Nootka pour faire la reconnaissance de la côte méridionale de l’Amérique avant de revenir en Europe, Vancouver s’arrêta à la petite île des Cocos, qui mérite peu son nom, comme nous avons eu déjà l’occasion de le dire, relâcha à Valparaiso. doubla le cap Horn, fit de l’eau à Sainte-Hélène, et rentra dans la Tamise, le 12 septembre 1795.

Mais les fatigues de cette longue campagne avaient tellement altéré la santé de cet habile explorateur, qu’il mourut au mois de mai 1798, avant d’avoir pu terminer la rédaction de son voyage, qui fut achevée par son frère.

Pendant les quatre années qui avaient été employées à ce rude travail de relever neuf mille lieues de côtes inconnues, la Découverte et le Chatam n’avaient perdu que deux hommes. On le voit, l’habile élève du capitaine Cook avait mis à profit