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L’ASIE ET SES PEUPLES.

représentatif de leur poids. La ressemblance étonnante entre les cérémonies du culte de Fo et celles de la religion chrétienne ne pouvait échapper aux Anglais. Macartney rappelle que certains auteurs ont assuré que l’apôtre Thomas était allé en Chine, tandis que le missionnaire Premore prétend que c’est un tour que le diable a voulu jouer aux jésuites.

Il fallut quatre-vingt-dix petits chariots, quarante-quatre brouettes, plus de deux cents chevaux et près de trois mille hommes, pour transporter les cadeaux offerts par le gouvernement britannique. L’ambassadeur et trois autres Anglais accompagnèrent en palanquin ce convoi ; les autres attachés à l’ambassade se tenaient à cheval, ainsi que les mandarins, autour de l’ambassadeur. Une foule énorme se pressait sur le passage du cortège. Lorsque Macartney arriva aux portes de Pékin, il fut accueilli par des détonations d’artillerie ; dès qu’il eut franchi les murailles, il se trouva dans une large rue, non pavée, mais bordée de maisons à un ou deux étages. Cette rue était traversée par un bel arc de triomphe en bois, à trois portes surmontées de toits relevés et richement décorés.

« L’ambassade fournissait, dit-on, amplement matière aux contes qui captivaient en ce moment l’imagination du peuple. On débitait que les présents qu’elle apportait à l’empereur consistaient en tout ce qui était rare dans les autres pays et inconnu à la Chine. On assurait gravement que, parmi les animaux compris dans ces raretés, il y avait un éléphant pas plus gros qu’un singe, mais aussi féroce qu’un lion, et un coq qui se nourrissait de charbon. Tout ce qui venait d’Angleterre était supposé différer de ce qu’on avait vu jusqu’alors à Pékin, et posséder des qualités absolument contraires à celles qu’on lui savait propres. »

On arriva devant la muraille du palais impérial, suffisamment désigné par sa couleur jaune. À travers la porte, on apercevait des montagnes artificielles, des lacs, des rivières avec de petites îles, et des édifices de fantaisie semés au milieu des arbres.

Au bout d’une rue qui se terminait vers le nord, aux murailles de la ville, les Anglais purent entrevoir un vaste édifice, d’une hauteur considérable, qui renfermait une cloche d’une grandeur prodigieuse ; puis, ils continuèrent de traverser la ville de part en part. Le résultat de leurs impressions ne fut pas favorable. Aussi demeurèrent-ils convaincus que, si un Chinois traversant Londres, avait vu ses ponts, ses places, ses innombrables vaisseaux, ses squares, ses monuments publics, il aurait emporté une meilleure idée de la capitale de la Grande-Bretagne, qu’ils ne le faisaient de Pékin.

Lorsqu’on fut arrivé au palais où devaient être rangés les présents du roi