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LES EXPLORATEURS DE L'AFRIQUE.

les jésuites s’adonnaient aux observations astronomiques, recueillaient pour les herbiers des spécimens d’histoire naturelle et publiaient des cartes qu’on consultait encore avec fruit, il n’y a pas longtemps, pour certaines provinces reculées de l’empire.

À la fin du xviiie siècle, un chanoine de Saint-Louis du Louvre, l’abbé Grosier, publiait à son tour et sous une forme abrégée une nouvelle description de la Chine et de la Tartarie. Il y mettait à profit les travaux de son devancier, le père Du Halde, qu’il rectifiait et complétait à son tour. Le gros travail de l’abbé Grosier, après une description des quinze provinces de la Chine et de la Tartarie chinoise, ainsi que des États tributaires tels que la Corée, le Tonking, la Cochinchine et le Thibet, consacre de longs chapitres à la population et à l’histoire naturelle de la Chine. Puis, il passe en revue le gouvernement, la religion, les mœurs, la littérature, les sciences et les arts des Chinois.

Dans les dernières années du xviiie siècle, le gouvernement anglais, voulant ouvrir des relations commerciales avec la Chine, envoya dans ce pays, comme ambassadeur extraordinaire, Georges de Macartney. Ce diplomate avait déjà parcouru l’Europe, la Russie, et, tour à tour gouverneur des Antilles anglaises, gouverneur de Madras, puis gouverneur général des Indes, il avait acquis dans cette longue fréquentation des hommes, sous des latitudes et des climats si différents, une science profonde des mobiles qui les font agir. Aussi le récit de son voyage contient-il une foule de faits, ou d’observations, qui permirent aux Européens de se faire une idée bien plus exacte des Chinois.

Au récit d’aventures ou d’observations personnelles, le lecteur s’intéresse bien plus qu’à un travail anonyme. Le moi est haïssable, dit un proverbe bien connu ; ce n’est pas exact en fait de relations de voyages, et celui qui peut dire : « J’étais là, telle chose advint », rencontrera toujours une oreille attentive et prévenue favorablement.

Une escadre de trois bâtiments, composée du Lion, de l’Hindoustan et du Chacal, partit de Portsmouth le 26 décembre 1792, emportant Macartney el sa suite. Après plusieurs relâches à Rio-de-Janeiro, aux îles Saint-Paul et Amsterdam, où furent vus des chasseurs de veaux marins, à Batavia et à Bantam, dans l’île de Java, à Poulo-Condor, les bâtiments mouillèrent à Turon (Han-San), en Cochinchine, vaste baie dont on n’avait qu’une très mauvaise carte. L’arrivée des navires anglais inspira tout d’abord quelque inquiétude aux Cochinchinois ; mais, dès qu’ils eurent appris les motifs qui forçaient l’escadre à s’arrêter en ce lieu, un haut dignitaire fut envoyé avec des présents à Macartney, qui fut bientôt après invité par le gouverneur à un repas suivi d’une représentation drama-