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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

Le despote qui gouvernait ce pays était renommé par sa bienveillance et son humanité autant que par ses hauts faits. Il aurait habité une capitale qu’on désignait sous le nom de Lunda, qui n’avait pas moins de deux milles d’étendue, et qui était située sur la rive orientale d’un certain lac Mofo. Il eût donc été très intéressant d’identifier ces localités avec celles que nous connaissons aujourd’hui dans les mêmes parages ; mais l’absence de détails plus caractéristiques nous fait un devoir de nous tenir sur la réserve, tout en reconnaissant que le mot de Lunda était bien connu, grâce aux voyageurs portugais ; quant à Cazembé, sa position est depuis longtemps hors de discussion.

Fort bien reçu par le roi, Lacerda aurait séjourné une douzaine de jours auprès de lui, puis il aurait déclaré vouloir continuer son voyage. Malheureusement, à une ou deux journées de Lunda, il aurait succombé aux fatigues de la route et à l’insalubrité du climat.

Le roi nègre réunit les cahiers et les notes du voyageur portugais et donna l’ordre de les transporter, ainsi que ses restes, à la côte de Mozambique. Mais, pendant le trajet, la caravane, chargée de ces précieuses dépouilles, fut attaquée, et les ossements de Lacerda restèrent abandonnés sur la terre africaine. Quant à ses observations, un de ses neveux, qui faisait partie de l’expédition, les rapporta en Europe.

Nous devons maintenant achever le tour du continent africain et raconter les explorations tentées par l’est, pendant le xviiie siècle. L’une des plus importantes, par ses résultats, est celle du chevalier Bruce.

Né en Écosse, comme un grand nombre des voyageurs en Afrique, James Bruce avait été destiné par sa famille à l’étude du droit et à la profession d’avocat. Mais cette position, éminemment sédentaire, ne pouvait convenir à ses goûts. Ainsi, ce fut avec plaisir qu’il saisit l’occasion d’entrer dans la carrière commerciale. Sa femme étant morte après quelques années de mariage, Bruce partit pour l’Espagne, où il se passionna pour l’étude des monuments arabes. Il voulait publier la description de tous ceux que renferme l’Escurial, mais le gouvernement espagnol lui en refusa l’autorisation.

De retour en Angleterre, Bruce se mit à l’étude des langues orientales, et particulièrement de l’éthiopien, qu’on ne connaissait encore que par les travaux incomplets de Ludolf.

Dans une conversation avec lord Halifax, celui-ci lui proposa, sans attacher grande importance à ses paroles, de tenter la découverte des sources du Nil. Aussitôt, Bruce s’enthousiasme, embrasse ce projet avec ardeur, et met tout en œuvre pour le réaliser. Les objections sont combattues, les obstacles vaincus