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LES EXPLORATEURS DE L’AFRIQUE.

« Ils paraissent même, dit-il, plus grands que les Gonaquas, quoique peut-être ils ne le soient pas réellement ; mais leurs os plus petits, leur air fluet, leur taille efflanquée, leurs jambes minces et grêles, tout enfin, jusqu’à leurs longs manteaux, peu épais, qui, des épaules, descendent jusqu’à terre, contribue à l’illusion. À voir ces corps effilés comme des tiges d’arbres, on dirait des hommes passés à la filière. Moins foncés en couleur que les Cafres, ils ont un visage plus agréable que les autres Hottentots, parce que le nez est moins écrasé et la pommette des joues moins proéminente. »

Mais, de toutes les nations que Le Vaillant visita pendant ce long voyage, la plus curieuse et la plus ancienne est celle des Houzouanas. Cette tribu n’a été retrouvée par aucun voyageur moderne, mais on croit y reconnaître les Betjouanas, bien que l’emplacement que leur assigne le voyageur ne corresponde en aucune façon avec celui qu’ils occupent depuis une longue série d’années.

« Le Houzouana, dit la relation, est d’une très petite taille ; les plus grands atteignent à peine cinq pieds. Ces petits corps, parfaitement proportionnés, réunissent, à une force et à une agilité surprenantes, un air d’assurance et d’audace qui impose et qui plaît. De toutes les races de sauvages que Le Vaillant a connues, nulle ne lui a paru douée d’une âme aussi active et d’une constitution aussi infatigable. Leur tête, quoiqu’elle ait les principaux caractères de celle du Hottentot, est cependant plus arrondie par le menton. Ils sont beaucoup moins noirs… Enfin, leurs cheveux, plus crépus, sont si courts, que d’abord Le Vaillant les a cru tondus… Une chose qui distingue la race de Houzouanas, c’est cette énorme croupe naturelle que portent les femmes, masse énorme et charnue qui, à chaque mouvement du corps, contracte une oscillation et une ondulation fort singulières. Le Vaillant vit courir une femme Houzouana avec son enfant, âgé de trois ans, posé debout sur ses pieds, se tenant derrière elle comme un jockey derrière un cabriolet. »

Le voyageur entre ensuite dans beaucoup de détails, que nous sommes obligés de passer sous silence, relativement à la conformation et aux habitudes de ces diverses peuplades, aujourd’hui complètement éteintes ou fondues dans quelques tribus plus puissantes. Ce n’est pas la partie la moins curieuse de l’ouvrage, si ce n’est pas toujours la plus véridique, et c’est précisément l’exagération de ces peintures qui nous engage à n’en pas parler.

Sur la côte orientale d’Afrique, un voyageur portugais, Francisco José de Lacerda e Almeida, partait, en 1797, des côtes de Mozambique et s’enfonçait dans l’intérieur. Le récit de cette expédition dans des localités qui n’ont été visitées à nouveau que de nos jours, serait extrêmement intéressant. Par malheur, le