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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

lui-même, la conversation, excepté pour m’engager à rester avec eux jusqu’au lendemain. Cependant, je pris congé de lui, non sans être vivement touché d’une bienveillance aussi rare... »

Sparrman fit ensuite plusieurs excursions, notamment à Hout-Bay et à Paarl, pendant lesquelles il eut l’occasion de constater l’exagération qui règne le plus souvent dans les récits de Kolbe, son prédécesseur en ce pays.

Il se proposait de multiplier le nombre de ses courses pendant l’hiver, et avait projeté un voyage dans l’intérieur pendant la belle saison, lorsque les frégates la Résolution et l’Aventure, commandées par le capitaine Cook, arrivèrent au Cap. Forster engagea le jeune naturaliste suédois à le suivre, ce qui permit à Sparrman de visiter successivement la Nouvelle-Zélande, la terre de Van-Diemen, la Nouvelle-Hollande, Taïti, la terre de Feu, les glaces du pôle antarctique et la Nouvelle-Géorgie, avant de revenir au Cap, où il débarqua le 22 mars 1773.

Le premier soin de Sparrman fut de préparer son voyage pour l’intérieur, et, afin d’augmenter ses ressources pécuniaires, il exerça la médecine et la chirurgie pendant l’hiver. Un chargement de graines, de médicaments, de couteaux, de briquets, de boîtes à amadou, d’alcool pour conserver les spécimens, fut réuni et chargé sur un immense chariot traîné par cinq paires de bœufs.

« Il faut, dit-il, que le conducteur ait non seulement beaucoup de dextérité et la connaissance pratique de ces animaux, mais encore qu’il sache user habilement du fouet des charretiers africains. Ces fouets sont longs de quinze pieds avec une courroie un peu plus longue et une mèche de cuir blanc longue de trois pieds. Le conducteur tient ce redoutable instrument des deux mains et, assis sur le siège du chariot, il peut en atteindre la cinquième paire de bœufs. Il doit distribuer ses coups sans relâche, savoir les appliquer où il veut et de manière à que les poils de l’animal suivent la mèche ».

Sparrman devait accompagner à cheval son chariot et s’était adjoint un jeune colon du nom d’Immelman, qui, pour son plaisir, avait déjà fait un voyage dans l’intérieur. Ce fut le 23 juillet 1773 qu’il partit. Il traversa d’abord la Rente River, escalada la Hottentot-Holland-Kloof, traversa la Palmit et pénétra dans un pays inculte, coupé de plaines, de montagnes et de vallées, sans eau, mais fréquenté par des troupeaux d’antilopes de diverses espèces, des zèbres et des autruches.

Il atteignit bientôt les bains chauds ferrugineux situés au pied du Zwarteberg, alors très fréquentés, où la Compagnie avait fait bâtir une maison adossée à la montagne.