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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

coup de vent, Roggewein fit route à l’ouest-nord-ouest, traversa la mer Mauvaise de Schouten, et, après avoir fait huit cents lieues depuis l’île de Pâques, il aperçut une île qu’il crut être l’île des Chiens de Schouten, et à laquelle il donna le nom de Carlshoff, qu’elle a conservé.

L’escadre passa devant cette île sans la visiter, et fut poussée, la nuit suivante, par le vent et les courants, au milieu d’un groupe d’îles basses qu’on ne s’attendait pas à rencontrer. La galère l’Africaine se brisa contre un écueil, et les deux conserves faillirent éprouver le même sort. Ce ne fut qu’après cinq jours d’efforts, d’inquiétudes et de dangers qu’elles parvinrent à se dégager et à regagner la haute mer.

Les habitants de cet archipel étaient grands, leurs cheveux lisses et longs, leur corps peint de différentes couleurs. On est absolument d’accord aujourd’hui pour reconnaître dans la description que Roggewein nous a laissée du groupe des îles Pernicieuses, l’archipel auquel Cook a donné le nom d’îles Palliser.

Le lendemain matin du jour où il avait échappé aux dangers des îles Pernicieuses, Roggewein découvrit une île à laquelle il imposa le nom d’Aurore. Très-basse, elle s’élevait à peine au-dessus de l’eau, et si le soleil avait tardé de paraître, le Tienhoven s’y serait perdu.

La nuit allait venir, lorsqu’on aperçut une nouvelle terre, qui reçut le nom de Vesper, et qu’il est assez difficile de reconnaître, si elle n’appartient pas aux Palliser.

Roggewein continua de cingler à l’ouest entre le quinzième et le seizième parallèle, et ne tarda pas à se trouver « tout à coup » au milieu d’îles à demi noyées.

« À mesure que nous en approchâmes, dit Behrens, nous vîmes un grand nombre de canots naviguant le long des côtes, et nous ne doutâmes pas que le pays fût bien peuplé. En approchant de plus près encore, nous reconnûmes que c’est un amas de plusieurs îles situées tout près les unes des autres ; enfin, nous y entrâmes insensiblement si avant que nous commençâmes à craindre de ne pouvoir nous en dégager, et l’amiral fit monter en haut du mât un des pilotes pour découvrir par où l’on en pouvait sortir. Nous dûmes notre salut au calme qui régnait alors ; la moindre agitation eût fait échouer nos vaisseaux contre les rochers sans qu’il eût été possible d’y apporter le moindre secours. Nous sortîmes donc sans fâcheux accident. Ces îles sont au nombre de six, toutes fort riantes, et, prises ensemble, elles peuvent avoir une étendue de trente lieues. Elles sont situées à vingt-cinq lieues à l’ouest des