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LES NAVIGATEURS FRANÇAIS.

évités sur ces côtes ; enfin, il fallait, nous procurer une chaloupe, opérer notre réunion avec le Naturaliste.

« Toutes ces considérations déterminèrent le commandant à se diriger vers l’île de Timor, où il mouilla le 22 août, sur la rade de Coupang. »

Nous n’entrerons pas dans le détail de la réception qui fut faite aux navigateurs. Le cœur, sans doute, est toujours réjoui par l’affabilité des manières ; mais, si le souvenir en est toujours précieux pour celui qui en a été l’objet, le récit n’a pas le même charme pour le lecteur désintéressé. Ce qu’il faut savoir, c’est que l’équipage avait le plus grand besoin de repos, et que dix hommes violemment atteints du scorbut avaient été débarqués. Combien d’autres dont les gencives fongueuses et saignantes attestaient le misérable état !

Si le scorbut céda rapidement à l’application des remèdes usités en pareil cas. il fut malheureusement remplacé par la dysenterie, qui, en peu de jours, jeta dix-huit hommes sur les cadres.

Enfin, le 21 septembre, parut le Naturaliste. Il avait attendu avec la plus grande patience le Géographe dans la baie des Chiens-Marins, rendez-vous que Baudin avait fixé et où il ne s’était pas présenté. Les officiers avaient profité de cette longue relâche pour lever, dans le plus grand détail, le plan de la côte et des des Rottnest, de la rivière des Cygnes et des Abrolhos.

Sur l’île Dirck-Hatichs, le capitaine Hamelin avait découvert deux inscriptions hollandaises gravées sur des assiettes d’étain. L’une constatait le passage, le 25 octobre 1616, du navire Eendraght, d’Amsterdam ; l’autre, le séjour en ce lieu du Geelwinck, sous le commandement du capitaine Vlaming, en 1697.

Il résulte des travaux du Naturaliste « que la prétendue baie des Chiens-Marins forme un grand enfoncement de cinquante lieues environ de profondeur, à le prendre du cap Cuvier vers le nord jusqu’à l’extrémité du golfe Henri-Freycinet ; que toute la côte orientale est exclusivement formée par le continent ; que celle de l’ouest se compose de l’îlot de Koks, de l’île Bernier, de l’île de Doore, de l’île Dirck-Hatichs et d’une partie des terres continentales. Le milieu de ce vaste enfoncement est occupé par la presqu’île Péron, à l’est et à l’ouest de laquelle se trouvent les havres Hamelin et Henri-Freycinet. »

Les maladies, auxquelles étaient en proie les malheureux navigateurs, n’avaient eu pour résultat que d’amener un apaisement momentané entre le commandant Baudin et son état-major. Lui-même avait été atteint d’une fièvre pernicieuse ataxique d’une telle violence, que, pendant plusieurs heures, on le crut mort. Cela ne l’empêcha pas, huit jours après son rétablissement, de faire arrêter un de ses officiers, M. Picquet, enseigne de vaisseau, à qui les états-