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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

l’heure, qu’avec un peu plus de chance, il les aurait retrouvés, sinon tous, du moins en partie, vivants.

Pendant cette relâche, le capitaine Huon de Kermadec avait succombé aux atteintes d’une fièvre étique qui le dévorait depuis plusieurs mois. Il fut remplacé dans le commandement de l’Espérance par M. d’Hesmivy d’Auribeau.

Parti de la Nouvelle-Calédonie le 21 floréal, d’Entrecasteaux reconnut successivement les îles de Moulin, Huon, et l’île Santa-Cruz de Mendana, séparée de l’île de la Nouvelle-Jersey par un canal où furent attaqués les bâtiments français.

Dans le sud-est paraissait une île que d’Entrecasteaux nomma île de la Recherche, et qu’il aurait pu appeler de la Découverte, s’il avait songé à s’en approcher. C’était Vanikoro, îlot entouré de récifs madréporiques sur lesquels les bâtiments de La Pérouse avaient fait naufrage, et que, suivant toute vraisemblance, habitaient encore à cette époque une partie des malheureux navigateurs. Fatalité inconcevable ! arriver aussi près du but et passer à côté ! Mais le voile qui cachait le sort des compagnons de La Pérouse ne devait être déchiré que bien longtemps après.

Après avoir reconnu en détail l’extrémité méridionale de Santa-Cruz, sans pouvoir recueillir le moindre renseignement sur l’objet de ses recherches, d’Entrecasteaux se dirigea vers la terre des Arsacides de Surville, dont il reconnut l’extrémité méridionale ; puis, il gagna les côtes de la Louisiade, que La Pérouse avait annoncé vouloir visiter en quittant les Salomon, et releva, le 7 prairial, le cap de la Délivrance. Ce cap n’appartient pas à la Nouvelle-Guinée, comme se l’était figuré Bougainville ; il forme l’extrémité d’une île, qui fut appelée Rossel, du nom d’un des officiers qui devait être le principal historien de l’expédition.

Après avoir navigué le long d’une suite d’îles basses et rocheuses, de bas-fonds, qui reçurent les noms des principaux officiers, les deux frégates atteignirent les côtes de la Nouvelle-Guinée, à la hauteur du cap du Roi-Guillaume ; puis, elles gouvernèrent, afin de donner dans le détroit de Dampier. On longea ensuite la côte septentrionale de la Nouvelle-Bretagne, au nord de laquelle on découvrit plusieurs petites îles très montueuses, inconnues jusqu’alors. Le 17 juillet, on était en vue d’une petite île, voisine de celle des Anachorètes.

D’Entrecasteaux, attaqué depuis longtemps de la dyssenterie et du scorbut, était alors à toute extrémité. Cédant aux instances de ses officiers, il se détermina à se séparer de l’Espérance pour gagner plus rapidement Waigiou. Le lendemain, 20 juillet, il s’éteignait à la suite de longues et douloureuses souffrances.

Après une relâche à Waigiou et à Bourou, dont le résident combla les Fran-