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LES NAVIGATEURS FRANÇAIS.

II

Expédition de La Pérouse. — L’île Saint-Catherine. — La Concepcion. — Les îles Sandwich. — Reconnaissance de la côte d’Amérique. — Le port des Français. — Perte de deux embarcations. — Monterey et les Indiens de la Californie. — Relâche à Macao. — Cavite et Manille. — En route pour la Chine et le Japon. — Formose. — L’île de Quelpaert. — La côte de Tartarie. — La baie de Ternay. — Les Tartares de Saghalien. — Les Orotchys. — Détroit de La Pérouse. — Bal au Kamtschatka. — L’archipel des Navigateurs. — Massacre de M. de Langle et de plusieurs de ses compagnons. — Botany Bay. — Cessation des nouvelles de l’expédition. — D’Entrecasteaux est envoyé à la recherche de La Pérouse. — Fausses nouvelles. — Le canal d’Entrecasteaux. — La côte de Nouvelle-Calédonie. — La terre des Arsacides. — Les naturels de Bouka. — Relâche au port Carteret. — Les îles de l’Amirauté. — Relâche à Amboine. — La terre de Leuwin. — La terre de Nuyts. — Relâche en Tasmanie. — Fête aux îles des Amis. — Détails sur la visite de La Pérouse à Tonga-Tabou. — Relâche à Balade. — Traces du passage de La Pérouse à la Nouvelle-Calédonie. — Vanikuru. —Triste fin de l’expédition.

Le voyage de Cook n’était encore connu que par la mort de ce grand navigateur, lorsque le gouvernement français voulut mettre à profit les loisirs que procurait à sa marine la paix récemment conclue. Une noble émulation semblait s’être emparée de nos officiers, jaloux des succès acquis sur un autre théâtre par leurs éternels rivaux, les Anglais. À qui donner le commandement de cette importante expédition ? Les concurrents de mérite ne manquaient pas. C’est là que gisait la difficulté.

Le choix du ministre s’arrêta sur Jean-François Galaup de La Pérouse, que ses importants services militaires avaient rapidement élevé au grade de capitaine de vaisseau. Pendant la dernière guerre, il avait été chargé de la très délicate mission de détruire les établissements de la compagnie anglaise dans la haie d’Hudson, et il s’était acquitté de cette tâche en militaire consommé, en habile marin, en homme qui sait allier les sentiments de l’humanité avec les exigences du devoir professionnel. On lui donna comme second M. de Langle, qui l’avait vaillamment secondé pendant l’expédition de la haie d’Hudson.

Un nombreux état-major fut embarqué sur les deux frégates la Boussole et l’Astrolabe. Sur la Boussole, c’étaient La Pérouse, de Clonard qui fut fait capitaine de vaisseau pendant la campagne, l’ingénieur Monneron, le géographe Bernizet, le chirurgien Rollin, l’astronome Lepaute-Dagelet de l’Académie des Sciences, le physicien Lamanon, les dessinateurs Duché de Vancy et Prevost le jeune, le botaniste Collignon, l’horloger Guery. Sur l’Astrolabe, outre son commandant, le capitaine de vaisseau de Langle, on comptait le lieutenant de Monti qui fut fait capitaine de vaisseau pendant la campagne, et l’illustre Monge, qui, heureusement pour la science, débarqua à Tenériffe le 29 août 1785.

L’Académie des Sciences et la Société de Médecine avaient remis au ministre de la marine des mémoires, dans lesquels ils attiraient l’attention des voya-