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TROISIÈME VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

DEUXIÈME PARTIE
CHAPITRE I
LES NAVIGATEURS FRANÇAIS
I

Découvertes de Bouvet de Lozier dans les mers australes. — Surville. — La terre des Arsacides. — Incident de la relâche au port Praslin. — Arrivée à la côte de la Nouvelle-Zélande. — Mort de Surville. — Découvertes de Marion dans la mer Antarctique. — Son massacre à la Nouvelle-Zélande. — Kerguelen en Islande et aux terres australes. — Les campagnes des montres : Fleurieu et Verdun de la Crenne.

Une découverte avait été faite pendant la première moitié du xviiie siècle, qui devait exercer une heureuse influence sur les progrès de la géographie. Un capitaine de vaisseau de la Compagnie des Indes, Jean-Baptiste-Charles Bouvet de Lozier, frappé de ce vide immense autour du pôle austral, que les géographes appelaient : Terra australis incognita, sollicita l’honneur de découvrir ces terres inconnues. Ses instances furent longtemps sans résultat ; mais enfin, en 1738, la Compagnie céda, dans l’espoir d’ouvrir un nouvel entrepôt à son commerce.

Deux petites frégates, l’Aigle et la Marie, convenablement équipées, partirent de Brest, le 19 juillet 1738, sous le commandement de Bouvet de Lozier. Elles s’arrêtèrent pendant plus d’un mois à l’île Sainte-Catherine, sur la côte du Brésil, reprirent la mer le 13 novembre, et firent voile au sud-est.

Dès le 26, les deux frégates rencontrèrent une brume si épaisse, qu’il leur fallait tirer le canon pour continuer à marcher de conserve, qu’elles furent plusieurs fois obligées de changer de route et qu’un abordage était à craindre à chaque instant. Le 5 décembre, bien que cela parut impossible, le brouillard s’épaissit encore, si bien que de l’Aigle on entendait la Marie manœuvrer, sans pouvoir la distinguer. La mer était couverte de goémons, et bientôt on