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TROISIÈME VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

Tonga-Tabou, où une fête ou « heiva », dont la magnificence dépassait toutes celles dont il avait été témoin, fut donnée en son honneur.

« Le soir, dit-il, nous eûmes le spectacle d’un bomaï, c’est-à-dire qu’on exécuta les danses de la nuit devant la maison occupée par Finaou. Elles durèrent environ trois heures ; durant cet intervalle, nous vîmes douze danses. Il y en eut d’exécutées par des femmes, et, au milieu de celles-ci, nous vîmes arriver une troupe d’hommes qui formèrent un cercle en dedans de celui des danseuses. Vingt-quatre hommes, qui en exécutèrent une troisième, firent avec leurs mains une multitude de mouvements très applaudis, que nous n’avions pas encore vus. L’orchestre se renouvela une fois. Finaou parut sur la scène à la tête de cinquante danseurs ; il était magnifiquement habillé ; de la toile et une longue pièce de gaze composaient son vêtement, et il portait de petites figures suspendues à son cou. »

Cook, après un séjour de trois mois, jugeant qu’il fallait quitter ces lieux enchanteurs, distribua une partie du bétail qu’il avait apporté du Cap, et fit expliquer par Maï, avec la manière de le nourrir, les services qu’il pourrait rendre. Puis, avant de partir, il visita un « fiatooka » ou cimetière, qui appartenait au roi, composé de trois maisons assez vastes, plantées au bord d’une espèce de colline. Les planchers de ces édifices, ainsi que les collines artificielles qui les portaient, étaient couverts de jolis cailloux mobiles, et des pierres plates, posées de champ, entouraient le tout.

« Ce que nous n’avions pas vu jusqu’alors, l’un de ces édifices était ouvert à l’un des côtés, et il y avait en dedans deux bustes de bois grossièrement façonnés, l’un près de l’entrée et l’autre un peu plus avant dans l’intérieur. Les naturels nous suivirent jusqu’à la porte, mais ils n’osèrent pas en passer le seuil. Nous leur demandâmes ce que signifiaient ces bustes ; on nous répondit qu’ils ne représentaient aucune divinité et qu’ils servaient à rappeler le souvenir des chefs enterrés dans le fiatooka. »

Parti de Tonga-Tabou le 10 juillet, Cook se rendit à la petite île Eoa, où son ancien ami Taï-One le reçut avec cordialité. Le commandant apprit de lui que la propriété des différentes îles de l’archipel appartient aux chefs de Tonga-Tabou, qu’ils appellent la « Terre des Chefs ». C’est ainsi que Poulaho a sous sa domination cent cinquante-trois îles. Les plus importantes sont Vavao et Hamao. Quant aux îles Viti ou Fidgi, comprises dans cette nomenclature, elles étaient habitées par une race belliqueuse, bien supérieure par l’intelligence à celle des îles des Amis.

Des nombreuses et très intéressantes observations recueillies par le comman-