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SECOND VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

afin d’explorer cette partie de l’Océan, la seule qui lui eût échappé jusqu’alors. Il atteignit bientôt la Géorgie australe, vue en 1675 par Laroche, et en 1756 par M. Guyot-Duclos, qui commandait alors le vaisseau espagnol le Lion. Cette découverte fut faite le 14 janvier 1775. Le commandant débarqua en trois différents endroits et en prit possession au nom du roi d’Angleterre, Georges III, dont il lui donna le nom. Le fond de la baie Possession était bordé de rochers de glace perpendiculaires, de tout point semblables à ceux qui avaient été vus dans les hautes latitudes australes.

« L’intérieur du pays, dit la relation, n’était ni moins sauvage ni moins affreux. Les rochers perdaient leurs hautes cimes dans les nues, et les vallées étaient couvertes d’une neige éternelle. On ne voyait pas un arbre, et il n’y avait pas le plus petit arbrisseau. »

En quittant la Géorgie, Cook s’enfonça encore davantage dans le sud-est, au milieu des glaces flottantes. Les dangers continuels de cette navigation avaient épuisé l’équipage. Successivement, la Thulé australe, l’île Saunders, les îles de la Chandeleur et enfin la terre de Sandwich furent découvertes.

Ces archipels stériles et désolés seront toujours sans utilité pratique pour le commerçant et le géographe. Leur existence une fois signalée, il n’y avait plus qu’à passer outre, car c’était risquer, à vouloir les reconnaître en détail, de compromettre les documents si précieux que la Résolution rapportait en Angleterre.

La découverte de ces terres isolées eut pour résultat de convaincre Cook « qu’il y a près du pôle une étendue de terre où se forment la plupart des glaces répandues sur ce vaste océan méridional. » Remarque ingénieuse, que sont venues confirmer de tout point les découvertes des explorateurs du xixe siècle.

Après une nouvelle recherche infructueuse du cap de la Circoncision de Bouvet, Cook se détermina à regagner le cap de Bonne-Espérance, où il arriva le 22 mars 1775.

L’Aventure avait relâché en cet endroit, et le capitaine Furneaux avait laissé une lettre, qui relatait ce qui s’était passé à la Nouvelle-Zélande.

Arrivé dans le canal de la Reine-Charlotte, le 13 novembre 1773, le capitaine Furneaux avait fait ses provisions d’eau et de bois, puis envoyé un de ses canots, commandé par M. Rowe, lieutenant de poupe, afin de recueillir des plantes comestibles. Mais, ne l’ayant vu rentrer à bord ni le soir ni le lendemain, le capitaine Furneaux, sans se douter de l’accident qui était arrivé, envoya à sa recherche, et voici en résumé ce qu’on apprit :

Après plusieurs allées et venues inutiles, l’officier qui commandait la