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PREMIER VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

C’est là un fait resté inexpliqué, malgré le grand nombre de commentaires auxquels il a donné lieu, et que peut seul rendre croyable le témoignage toujours véridique du grand navigateur.

Plusieurs des officiers anglais demandaient instamment à débarquer pour récolter des noix de coco et certains autres fruits ; mais le commandant ne voulut pas risquer la vie de ses matelots pour une satisfaction aussi futile. D’ailleurs, il avait hâte de gagner Batavia, afin d’y faire caréner son navire. Enfin, il jugeait inutile de demeurer plus longtemps dans des parages, depuis longtemps fréquentés par les Espagnols et les Hollandais, où il n’y avait plus de découvertes à faire.

Cependant, il rectifia, en passant, la position des îles Arrow et Weasel ; puis, il gagna Timor et relâcha à l’île de Savu, où les Hollandais s’étaient établis depuis peu de temps. Là, Cook se ravitailla, et, par une observation soigneuse, détermina sa position par 10° 35’ de latitude sud et 237° 30’ de longitude ouest.

Après cette courte relâche, l’Endeavour atteignit Batavia, où il fut caréné. Mais, après tant de fatigues éprouvées, ce séjour dans un pays malsain, où la fièvre est endémique, fut fatal à l’équipage. Banks, Solander, Cook et la plupart des matelots tombèrent malades ; plusieurs moururent, notamment Monckhouse le chirurgien, Tupia et le petit Tayeto. Dix hommes seulement n’éprouvèrent pas les atteintes de la fièvre. Le 27 décembre, l’Endeavour mit en mer, et s’arrêta, le 5 janvier 1771, à l’île du Prince, pour prendre des vivres.

Depuis ce moment, les maladies, qui avaient commencé à sévir parmi l’équipage, s’aggravèrent. Vingt-trois personnes succombèrent, parmi lesquelles on doit particulièrement regretter l’astronome Green.

Après avoir relâché au cap de Bonne-Espérance, où il reçut l’excellent accueil dont il avait si grand besoin, Cook reprit la mer, toucha à Sainte-Hélène, et mouilla aux Dunes, le 11 juin 1772, après une absence qui avait duré près de quatre années.

Ainsi finit le premier voyage de Cook, « voyage, dit Kippis. dans lequel il éprouva tant de dangers, découvrit tant de pays et montra tant de fois qu’il possédait une âme supérieure, digne des périlleuses entreprises et des efforts courageux auxquels il s’était exposé ! »