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craig et fry voient la lune se lever.

— Très satisfait !

— Plairait-il à monsieur de nous signer ce petit papier pour témoigner qu’il n’a eu qu’à se louer de nos bons et loyaux services ?

— Ce papier ? répondit Kin-Fo, assez surpris, à la vue d’une feuille, détachée de son carnet, que lui présentait Craig.

— Ce certificat, ajouta Fry, nous vaudra peut-être quelque compliment de notre directeur !

— Et sans doute une gratification supplémentaire, ajouta Fry.

— Voici mon dos qui pourrait servir de pupitre à monsieur, dit Craig en se courbant.

— Et l’encre nécessaire pour que monsieur puisse nous donner cette preuve de gracieuseté écrite », dit Fry.

Kin-Fo se mit à rire et signa.

« Et maintenant, demanda-t-il, pourquoi toute cette cérémonie en ce lieu et à cette heure ?

— En ce lieu, répondit Fry, parce que notre intention n’est pas de vous accompagner plus loin !

— À cette heure, ajouta Craig, parce que, dans quelques minutes, il sera minuit !

— Et que vous importe l’heure ?

— Monsieur, reprit Craig, l’intérêt que vous portait notre Compagnie d’assurances…

— Va finir dans quelques instants… ajouta Fry.

— Et vous pourrez vous tuer…

— Ou vous faire tuer…

— Tant qu’il vous plaira ! »

Kin-Fo regardait, sans comprendre, les deux agents, qui lui parlaient du ton le plus aimable. En ce moment, la lune parut au-dessus de l’horizon, à l’orient, et lança jusqu’à eux son premier rayon.

« La lune !… s’écria Fry.

— Et aujourd’hui, 30 juin !…, s’écria Craig.

— Elle se lève à minuit…

— Et, votre police n’étant pas renouvelée…

— Vous n’êtes plus le client de la Centenaire

— Bonsoir, monsieur Kin-Fo !… dit Craig.

— Monsieur Kin-Fo, bonsoir ! » dit Fry.