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curiosité de craig et fry.

biller. Il se laissa faire, machinalement, ne manifestant sa pensée que par des ai ai ya ! à fendre l’âme.

À huit heures, Kin-Fo et ses compagnons étaient prêts. On eût dit quatre phoques des mers glaciales se disposant à faire un plongeon. Il faut dire, toutefois, que le phoque Soun n’eût donné qu’une idée peu avantageuse de la souplesse étonnante de ces mammifères marins, tant il était flasque et mollasse dans son vêtement insubmersible.

Déjà la nuit commençait à se faire vers l’est. La jonque flottait au milieu d’un absolu silence à la calme surface des eaux.

Craig et Fry poussèrent un des sabords qui fermaient les fenêtres du rouffle à l’arrière, et dont la baie s’ouvrait au-dessus du couronnement de la jonque. Soun, enlevé sans plus de façon, fut glissé à travers le sabord et lancé à la mer. Kin-Fo le suivit aussitôt, Puis, Craig et Fry, saisissant les apparaux qui leur étaient nécessaires, se précipitèrent à la suite.

Personne ne pouvait se douter que les passagers de la Sam-Yep venaient de quitter le bord !





CHAPITRE XIX

qui ne finit bien, ni pour le capitaine yin commandant la « sam-yep », ni pour son équipage.



Les appareils du capitaine Boyton consistent uniquement en un vêtement de caoutchouc, comprenant le pantalon, la jaquette et la capote. Par la nature même de l’étoffe employée, ils sont donc imperméables. Mais, imperméables à l’eau, ils ne l’auraient pas été au froid résultant d’une immersion prolongée. Aussi ces vêtements sont-ils faits de deux étoffes juxtaposées, entre lesquelles on peut insuffler une certaine quantité d’air.

Cet air sert donc à deux fins : 1o à maintenir l’appareil suspenseur à la surface de l’eau ; 2o à empêcher par son interposition tout contact avec le milieu liquide, et conséquemment à garantir de tout refroidissement. Ainsi vêtu, un homme pourrait rester presque indéfiniment immergé.