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les tribulations d’un chinois en chine

« Il convient, répondirent Craig-Fry, de lire la Gazette officielle, afin de voir s’il s’y trouve quelque article qui nous concerne.

— Vous avez raison, répondit Kin-Fo. Peut-être apprendrons-nous ce qu’est devenu Wang. »

Tous trois sortirent donc de l’hôtel. Par prudence, les deux acolytes marchaient aux côtés de leur client, dévisageant les passants et ne se laissant approcher par personne. Ils allèrent ainsi par les étroites rues de la ville et gagnèrent les quais. Là, un numéro de la Gazette officielle fut acheté et lu avidement.

Rien ! rien que la promesse de deux mille dollars ou de treize cents taëls, à qui ferait connaître à William J. Bidulph la résidence actuelle du sieur Wang, de Shang-Haï.

« Ainsi, dit Kin-Fo, il n’a pas reparu !

— Donc, il n’a pas lu l’avis le concernant, répondit Craig.

— Donc, il doit rester dans les termes du mandat, ajouta Fry.

— Mais où peut-il être ? s’écria Kin-Fo.

— Monsieur, dirent Fry-Craig, pensez-vous être plus menacé pendant les derniers jours de la convention ?

— Sans aucun doute, répondit Kin-Fo. Si Wang ne connaît pas les changements survenus dans ma situation, et cela paraît probable, il ne pourra se soustraire à la nécessité de tenir sa promesse. Donc, dans un jour, dans deux, dans trois, je serai plus menacé que je ne le suis aujourd’hui, et, dans six, plus encore !

— Mais, le délai passé ?…

— Je n’aurai plus rien à craindre.

— Eh bien, monsieur, répondirent Craig-Fry, il n’y a que trois moyens de vous soustraire à tout danger pendant ces six jours.

— Quel est le premier ? demanda Kin-Fo.

— C’est de rentrer à l’hôtel, dit Craig, de vous y enfermer dans votre chambre, et d’attendre que le délai soit expiré.

— Et le second ?

— C’est de vous faire arrêter comme malfaiteur, répondit Fry, afin d’être mis en sûreté dans la prison de Tong-Tchéou !

— Et le troisième ?

— C’est de vous faire passer pour mort, répondirent Fry-Craig, et de ne ressusciter que lorsque toute sécurité vous sera rendue.