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Ils reprirent leur route.

— Ce qui m’intrigue, murmura Harry Rhodes au bout de quelques pas, c’est le moyen qu’a employé Fritz Gross pour se procurer son alcool.

Quel que fût le moyen, d’autres que Fritz Gross l’avaient employé. Les excursionnistes ne tardèrent pas, en effet, à se heurter à un corps étendu.

— C’est Kennedy, dit Hartlepool, en se penchant sur le dormeur. Un failli chien, d’ailleurs. Le seul de l’équipage qui ne vaille pas la corde pour le pendre.

Kennedy était ivre, lui aussi. Et ivres encore, ces émigrants que l’on trouva, cent mètres plus loin, vautrés sur le sol.

— Ma parole ! dit Harry Rhodes, on a profité de l’absence du chef pour mettre le magasin au pillage !

— Quel chef ? demanda le Kaw-djer.

— Vous, parbleu !

— Je ne suis pas chef plus qu’un autre, objecta le Kaw-djer avec impatience.

— Possible, accorda Harry Rhodes. N’empêche que tout le monde vous considère comme tel. »

Le Kaw-djer allait répondre, quand, d’une tente voisine, le cri rauque d’une femme qu’on étrangle s’éleva dans la nuit.