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— Non, monsieur, balbutia l’enfant en tordant entre ses doigts un béret de marin.

— Alors, pourquoi ne dis-tu rien ?

— C’est parce qu’il est timide, monsieur », expliqua Dick.

De quel air dégoûté Dick rendit cet arrêt !

— Ah ! dit en riant le Kaw-djer, c’est parce qu’il est timide ?… Tu ne l’es pas, toi.

— Non, monsieur, répondit Dick avec simplicité.

— Et tu as, parbleu ! bien raison… Mais, enfin, qu’est-ce que vous faites tous les deux ici ?

— C’est nous les mousses, monsieur. »

Le Kaw-Djer se souvint qu’Hartlepool avait en effet cité deux mousses en énumérant l’équipage du Jonathan. Il ne les avait pas remarqués jusqu’alors parmi les enfants des émigrants. Puisqu’ils l’avaient abordé aujourd’hui, c’est donc qu’ils désiraient quelque chose.

— Qu’y a-t-il pour votre service ? demanda-t-il.

Ce fut Dick, comme toujours, qui prit la parole.

— Nous voudrions aller avec vous, comme M. Hartlepool et M. Rhodes.

— Pourquoi faire ?

Les yeux de Dick brillèrent.

— Pour voir des choses…

Des choses !… Tout un monde dans ce mot. Tout le désir de ce qui jamais n’a été vu encore, tous les rêves merveilleux et confus des enfants. Le visage de Dick implorait, toute sa petite personne était tendue vers son désir.

— Et toi, insista le Kaw-djer en s’adressant à Sand, tu veux aussi voir des choses ?

— Non, monsieur.

— Que veux-tu, dans ce cas ?

— Aller avec Dick, répondit l’enfant doucement.

— Tu l’aimes donc bien, Dick ?

— Oh oui, monsieur ! » affirma Sand dont la voix eut une profondeur d’expression au-dessus de son âge.

Le Kaw-djer, de plus en plus intéressé, regarda un moment les deux bambins. Le drôle de petit ménage ! Mais charmant et touchant aussi. Il rendit enfin son arrêt.

— Vous viendrez avec nous, dit-il.